vendredi 2 août 2013

Présidentielles 2014 : l’Algérie, l’Eldorado politique de la diaspora et des binationaux


candidats
A moins d’un an des élections présidentielles 2014, la course à la candidature a déjà commencé. Les mêmes noms reviennent d’ores et déjà, et certains noms inconnus au bataillon commencent à faire surface. Quatre nouveaux visages, assez inattendus ont fait leur apparition (ou réapparition pour certains). Leur point commun ? Ils sont franco-algériens ou algéro-suisses, Ali Benouari, Rachid Nekkaz, Madjid Mezghenna et Kamal Benkoussa ont officiellement annoncé leur candidature. Portraits de ces candidats de l’inconnu…


Ali Benouari, le retour au pays
 
Ex-ministre des finances dans le gouvernement d’Ahmed Ghozali, ce directeur d’une société de conseil industriel et financier établie en Suisse depuis maintenant 20 ans a annoncé sa candidature depuis son pays d’adoption. Chose qu’il n’avait pas prévu mais qu’il considère comme un beau symbole avait-il confié à la Tribune de Genève.  Benouari à d’ailleurs participé à plusieurs reprises à des élections en Suisse où il avait obtenu la nationalité en 2000. Il prône des élections libres et a pour ambition d’apporter dynamisme et modernité à son pays de naissance.
Rachid Nekkaz, l’homme qui voulait changer le monde
rachid nekkaz

Personnalité Publique Française, il n’a quant à lui jamais vécu en Algérie. Fervent défenseur de la liberté de culte, il a, à plusieurs reprises, milité pour le droit au port du niqab en France. Il se qualifie sur son blog. comme étant le «  Candidat de la Jeunesse et du Changement aux présidentielles algériennes de 2014 ». Cet habitué des élections avait participé en France aux Municipales de 2008, Législatives 2007 et 2013 et Présidentielles 2007 et 2012 auxquelles il n’a pas donné suite après une mise en examen pour corruption. C’est dans une vidéo amateur qu’il présente sa candidature le 3 juin 2013 à la frontière Algéro-Marocaine en référence à son projet d’ouverture de l’Algérie vers le Maroc. Nekkaz a récemment demandé la déchéance de sa nationalité Française pour « Jusqu’à ce jour, je n’avais jamais fait vivre mon autre nationalité, celle de mes parents algériens. J’ai décidé aujourd’hui de m’y atteler. Je ne dis pas que le soleil est plus clément à Tamanrasset qu’à Dunkerque. Je pense juste que les défis sont plus grands et l’espérance plus douce. Pour honorer Albert Camus,  » entre ma patrie et ma mère », j’ai choisi ma mère » a-t-il publié sur le blog de son association «  Touche Pas à ma Constitution ».
Madjid Mezghenna, candidat désintéressé


Cet ancien officier algérien reconverti à Alès en Chef de chantier puis Chauffeur Routier est certain de pouvoir changer la situation en Algérie «  je suis donc un candidat désintéressé et je pense que c’est important. Je désire au plus profond de mon être que l’Algérie aujourd’hui, soit à l’image de tous les pays démocratiques» a-t-il confié dans une interview publié dans le quotidien Midi-Libre. Il envisage l’instauration d’un état laïque et la réforme du code de la famille.
Kamal Benkoussa, tout pour l’économie
 
Trader vivant à Londres et né en France, ses priorités politiques sont essentiellement économiques. Il croit en l’émergence de l’Algérie : «le XXIème siècle sera marqué par l’émergence de grandes démocraties en Afrique et que l’Algérie en sera un acteur majeur»,  retrouve-t-on sur son site internet. Ses priorités sont l’investissement dans la jeunesse et la réforme du système éducatif. Il s’appuie notamment sur Ligue Algérienne pour la Démocratie qu’il fonde afin de préserver en particulier les libertés individuelles de chacun.
Que peut-on espérer de ces candidats ?
Selon le politologue Mohamed Hennad, maître de conférences à l’École nationale supérieure de sciences politiques d’Alger, «  les quatre « candidatures » constituent plutôt une forme de distraction. Cela va certainement ajouter au côté burlesque des élections en Algérie.» En effet, il semble difficile de les considérer crédibles « Le profil des candidats (à part l’ancien ministre) peut, effectivement, laisser à penser qu’ils ne prennent pas vraiment au sérieux les élections en Algérie. Autrement, ils n’auraient pas osé. »
De même, le fait que ces prétendants à la présidence n’aient pas toujours, voire pas du tout vécu dans le pays qu’ils aspirent à diriger pourrait nous laisser penser qu’ils ne connaissent pas la réalité algérienne. Mais pouvons-nous réellement penser qu’avoir vécu en Algérie puisse attester d’une bonne connaissance du pays ? « Dans l’absolu, bien sûr que non ! Beaucoup d’Algériens passent toute une vie en Algérie sans avoir « une bonne connaissance du pays », estime Mohamed Hennad. Ainsi la difficulté serait plutôt d’arriver à régir les différences que l’on peut rencontrer entre le pays d’accueil et le pays d’origine : « Mais il faut admettre que quelqu’un qui réside  longuement hors du pays est bien obligé de faire face, d’abord, aux soucis posés par le pays d’accueil avec lequel il devient plus familier »

On peut en déduire que ces politiques ont pour ambition de tenter leurs chances là où cela s’avère possible, mais ces chances ne peuvent être estimées à la signification de leur nom comme l’avait annoncé sur un ton humoristique, du moins on l’espère, Madjid Mezghenna en répondant qu’il estimait avoir de sérieuses chances de gagner puisque son nom est le véritable nom de la capitale algérienne.
«  Ce qui me dérange dans ces ‘‘candidatures’’   indique notre spécialiste, «  c’est qu’elles donnent l’impression que pour les élections en Algérie il suffit d’oser. De même, ces candidatures risquent d’être un simple parasitage ou un sujet de distraction », explique encore notre politologue. La distraction n’est en effet pas à l’ordre du jour, les élections présidentielles de 2014 peuvent représenter un grand tournant pour l’Algérie toute entière. Les enjeux étant considérables, nous pouvons nous interroger dès à présent sur les qualités qui pourraient être nécessaires à un hypothétique candidat idéal.  Selon Mohammed Hennad, la qualité première d’un bon candidat serait d’être élu par la majorité, qualité dépendant du déroulement des élections qui se doivent d’être « des élections libres, transparentes et vraiment pluralistes. Donc, point de « candidat du consensus », étant entendu que le seul consensus est celui issu des urnes.»
Nedjma Farek Amrani
Algérie Focus