lundi 14 avril 2014

LES CANDIDATS ONT RIVALISÉ D'ARDEUR ET DE PROMESSES : La présidentielle sous tension

Seule l'urne départagera les candidats
C'est un véritable bras de fer qui est engagé entre le candidat favori Abdelaziz Bouteflika et son ex-chef de gouvernement Ali Benflis pour ravir jeudi prochain, les suffrages des 22 millions d'Algériens attendus aux urnes.
Jamais depuis l'indépendance, la présidentielle n'a connu une tension aussi avérée que celle d'avril 2014. Le message développé dans le discours politique se différencie d'une époque à une autre pour épouser des contours d'une nouvelle ère marquée par la démocratisation des médias, le développement des TIC et l'apparition des télévisions privées. Un paysage moderne où le débat consacré aux thèmes abordés s'est fait parfois sur un ton brutal, un ton moqueur et parfois sur un ton pernicieux. Aussi bien sur les chaînes privées ou publiques que sur les radios, on a donné le ton à une élection que d'aucuns n'ont abordé sans a priori ni autocensure. La presse écrite, de son côté, a été libre de soutenir le candidat de son choix. Le cru 2014 livrera-t-il la saveur le 17 avril où le soir de l'élection on trinquera à la santé du vainqueur? Cela côté jardin, côté cour, les scories qui ont longtemps embué la vision d'un scrutin propre et honnête n'ont pas été totalement effacées. Avouons que la méfiance et la virulence dans les propos, les sorties des uns et des autres, frisant la provocation, ont créé au cours de certains meetings une ambiance délétère qui a débouché sur des débordements, des insultes, voire même des menaces. Voilà la radioscopie de 21 jours d'une campagne électorale bien différente de toutes celles qui ont marqué les 52 ans d'indépendance. Recevant le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo y Marfil, le président Bouteflika qui a apparemment repris du poil de la bête, a dénoncé les dépassements survenus durant la campagne électorale et touchant essentiellement les animateurs de sa campagne, précisant que ceci est étranger à notre culture. Sans ambages, il a exprimé, tout de go, une colère contenue par ses épiphonèmes qui entachent la sérénité qui aurait dû prévaloir durant la campagne. Sa déclaration que les Algériens ont pu suivre à l'occasion de la messe du JT de 20h est à la fois une mise en garde et un avertissement pour tous ceux qui seraient tentés de menacer la stabilité du pays. «Par certains moments, elle a manqué d'élégance. Il y a des appels à la violence et des comportements peu orthodoxes et antidémocratiques», a déclaré le chef de l'Etat lors de l'audience qu'il a accordée au ministre espagnol. Cette déclaration est intervenue en réponse aux propos du ministre espagnol qui lui a indiqué que la campagne était «dure», le président Bouteflika lui a répondu qu'elle était «dure» et qu'il y avait un code déontologique «duquel on ne doit pas s'écarter». «Qu'un candidat vienne menacer les walis et les autorités de faire attention à nos familles et à nos enfants en cas de fraude, cela veut dire quoi?», s'est interrogé le président de la République, affirmant qu'il s'agit là «du terrorisme à travers la télévision». La sortie inattendue de Bouteflika n'était pas seulement de l'avis de nombreux observateurs, adressée à un auditoire national, mais aussi et surtout à son hôte, le ministre espagnol, représentant de l'UE, comme une volonté de prendre à témoin ce charivari électoraliste à la mode algérienne.
Cette sortie intervient aussi trois heures après le communiqué diffusé par la direction de communication de son staff de campagne qui avait tiré à boulets rouges sur un candidat nommé Ali Benflis, l'accusant ouvertement, d'avoir un «comportement violent» et d'être derrière des violences dans différentes wilayas du pays qui ont notamment touché des partisans du président sortant. A son tour, le candidat Ali Benflis n'a pas tardé à réagir en saisissant l'occasion de son passage à Oran pour rejeter les accusations formulées à son encontre. Même son de cloche de la direction de campagne du candidat Ali Benflis qui a qualifié, hier matin, d'«infondées» et d'«erronées» les accusations de la direction de campagne de Bouteflika sur les violences contre les partisans du candidat Bouteflika. C'est un véritable bras de fer qui est ainsi engagé entre le candidat favori Abdelaziz Bouteflika et son ex-chef de gouvernement Ali Benflis pour ravir jeudi prochain les suffrages des 22 millions d'Algériens attendus aux urnes. Le dicton populaire ne dit-il pas qu'«après les mots viennent les coups». Que ce soit à Béjaïa, Marseille, Paris ou Ghardaïa, dans toutes les sorties politiques, le civisme n'avait pas la part belle.
Le ton est maintenant monté d'un cran et la virulence des propos est allée crescendo en s'appuyant sur la date fatidique du 17 avril. Quand s'arrêtera toute cette provocation? De grandes craintes subsistent les jours qui suivront la proclamation des résultats. La haine cédera-t-elle devant la sagesse? Surtout que la volonté des Algériens de maintenir la stabilité d'un pays qui a été menacé à plusieurs reprises par les révolutions arabes, lui a permis de sortir indemne à ce qui s'apparente à une épreuve et qui a servi d'exemple et de leçon à tous les pays arabes déjà malmenés depuis 3 ans. La démocratie en Algérie n'est pas un mot creux. Si notre pays a été le premier de tous les pays de la Ligue arabe à installer la démocratie et le pluralisme politique après une glorieuse révolution, le défi qui nous attend est d'éviter à tout prix de basculer dans la violence.

l'expression