Ali Benflis a tranché : Mascara sera la première étape de sa campagne électorale. Le choix est symbolique ; il s’agit d’aller se « ressourcer dans le berceau de l’Emir Abdelkader, fondateur de l’État algérien moderne », précise Lotfi Boumeghar, son directeur de la communication.
Ce lundi 17 mars, Ali Benflis a rendu public son programme électoral. Le candidat innove. Il ne se limite pas à des promesses mais veut définir l’échéance de chaque engagement. Revue de détail.
Révision de la règle 49/51
Le candidat s’engage dans son programme à inscrire, dès la Loi de finances 2015, « une disposition portant révision du plafond de participation des actionnaires étrangers dans certains secteurs où cette règle (49/51) n’a aucune justification économique ». Ça sera le cas pour l’industrie manufacturière, la transformation agroalimentaire, le tourisme, l’hôtellerie, la chimie et certains secteurs de services à haute valeur ajoutée (exemple des services informatiques). « La limitation de la part du capital étranger sera maintenue dans les secteurs stratégiques ».
Autoriser les entreprises algériennes à investir à l’étranger
Autre mesure prévue par Ali Benflis, la réforme du règlement de la Banque d’Algérie régissant la circulation des capitaux « afin de permettre, dans un cadre défini et des critères clairs et transparents », les prises de participation d’entreprises algériennes dans des entreprises étrangères.
« Il s’agira d’autoriser les personnes morales de droit algérien à investir dans des entreprises étrangères dans les pays avec lesquels l’Algérie aura signé une convention fiscale et les pays jouissant de normes de transparence fiscale et bancaire permettant une traçabilité des investissements ».
En matière de création d’entreprises, le candidat promet également de réduire les délais de traitement et d’obtention des autorisations requises. « À terme, promet-il, l’Algérie figurera parmi les pays les plus attractifs du bassin méditerranéen et parmi les 50 pays les plus attractifs dans le monde en termes de climat des affaires ».
Le candidat promet aussi de s’intéresser à l’épineux dossier du foncier industriel. Parmi les mesures requises, il y a, entre autre, « la récupération, en cours de l’année 2015, des terrains des entreprises dissoutes ainsi que les excédents des entreprises publiques actives », la récupération également des terrains octroyés aux entreprises privées, mais qui n’ont pas respecté leurs engagements d’investissement.
Reformes bancaire et fiscale
Sur ce chapitre, le candidat s’engage à assurer la dépénalisation effective de l’acte de gestion et veut encourager l’introduction en bourse d’une partie du capital des banque et entreprises, afin « d’augmenter la transparence, de renforcer et de redynamiser la bourse d’Alger ».
Parmi les autres mesures concrètes du candidat Benflis, on retiendra également la réforme de la loi sur la monnaie et le crédit afin de permettre le développement des instruments de « finance islamique », la réduction du taux d’imposition des entreprises à 20% dès 2015, un taux qui reste tout de même en deçà de celui pratiqué dans d’autres pays arabes, la suppression progressive de la TAP (taxe sur l’activité professionnelle) à l’horizon 2018, la mise en place d’une fiscalité locale à travers la généralisation de la taxe foncière sur les habitations, l’établissement d’un impôt foncier économique local et une taxe communale pour les services. Dans le domaine budgétaire, dès 2015, « les lois de finances seront basées sur un prix de baril de pétrole proche des prévisions internationales ».
Mandat présidentiel à deux quinquennats, un chef du gouvernement issu de la majorité
Sur le plan politique, Ali Benflis propose d’ouvrir un dialogue avec l’ensemble de la classe politique. Il veut réviser la Constitution et restaurer la limitation à deux quinquennats pour le mandat du président de la République. Dans le même esprit, il propose l’instauration de l’adresse annuelle du président sur l’état de la Nation devant le Parlement.
Par ailleurs, Benflis adopte la proposition du FLN qui veut que le chef du gouvernement soit l’émanation du parti ou de la coalition de partis majoritaires au Parlement.
Dans la nouvelle Constitution « version Benflis », il est prévu d’accorder plus de prérogatives au Parlement pour le contrôle des missions du gouvernement. Il s’engage également à renforcer les libertés syndicales et d’associations à travers, notamment, la révision des procédures de création d’associations, la simplification des procédures d’agrément des ONG et des syndicats.
Le candidat propose des mesures pour garantir la liberté de la presse et l’ouverture de l’audiovisuel. Paradoxalement et sur le chapitre politique, Benflis ne fait pas référence au projet qu’il comptait proposer au peuple pour consolider et renforcer les mesures entreprises dans le cadre de la réconciliation nationale. Le 19 janvier et dans son discours de candidature, Benflis avait laissé entendre qu’il comptait entreprendre des mesures allant dans ce sens.
Par ailleurs, Ali Benflis projette de décentraliser l’État, notamment par la création de nouvelles wilayas et communes, l’élargissement des prérogatives des élus et des représentants locaux, la redéfinition de la relation élus-représentants de l’État et la décentralisation budgétaire.
TSA