dimanche 23 février 2014

Bouteflika brigue un quatrième mandat : les avis partagés des citoyens

Deux tiers des personnes interrogées, ce samedi 22 février, à Alger-centre, se sont prononcées contre un quatrième mandat pour Bouteflika. Sur les 33 personnes questionnées, vingt-deux ont clairement exprimé leur refus de voir le président sortant briguer un quatrième mandat.
« Je ne voterai pas pour Bouteflika parce qu’il est malade, en plus il est clair que ce n’est pas lui qui dirige le pays. Je voterai pour Benflis, c’est le moins mauvais », explique  Fatma, 70 ans, retraitée émigrée. Oum El khir, âgée de 65, elle aussi retraitée, partage le même avis. « Je ne voterai pas pour Bouteflika. J’estime qu’il est temps qu’il se retire avec dignité », dit-elle l’air en colère. Pour Chérif Derbit, architecte de 53 ans : « Les plans de l’occident réussissent doucement à nous envahir. Ce n’est pas de Bouteflika dont on avait besoin, c’est de la gérontocratie », nous dit-il.  « Je ne sais même pas si je vais voter. Je me déplacerai pour un vote blanc. Bouteflika n’est pas mon problème, c’est un enfant du système. Mon problème à moi c’est le système. J’attends de voir les noms des autres candidats et surtout les programmes des candidats. Je ne vote pas pour un homme, je vote pour un programme. Depuis une trentaine d’années, nous sommes orphelins du rêve démocratique occidental », ajoute-t-il. Amer, 50 ans, fonctionnaire, pense, pour sa part, que la maladie de Bouteflika « ne lui permet pas de briguer un autre mandat ».
Bouteflika faute d’ « alternative »
Si la majorité est contre un quatrième mandat de Bouteflika, d’autres affirment être prêts à voter pour lui. Ce choix est, notamment, motivé par « le manque d’alternative ». « Je ne suis pas pour que Bouteflika se présente parce que je ne l’apprécie pas, mais dans le cas actuel, il vaut mieux que ce soit lui qui soit élu président que quelqu’un d’autre qu’on ne connait pas », explique  Mehdi, journaliste reporter 38 ans.
Madani Goudjil 52 ans, directeur technique dans une entreprise, pense que « Bouteflika veut être président pour un quatrième mandat et ce sera lui. Il a la totale liberté de se présenter pour un quatrième mandat au même titre que les autres candidats. S’il venait à être réélu, il achèvera la mission qu’il a entamée il y a 15 ans. Je n’ai voté qu’une seule fois dans ma vie. Pour cette fois-ci, je verrai le jour du scrutin, si je vote ou pas. ». « Qu’il soit bon au mauvais, il vaut mieux un homme qu’on connait », estime Naïma, femme au foyer. « Oui je l'aime bien, il a fait beaucoup pour le pays », lance Kareche Safa Maroua, 20 ans.
« Je ne voterai pas !»
Alors que la majorité des gens que nous avons interrogés s’opposent au quatrième mandat de Bouteflika et d’autres voient en lui « l’homme qu’il faut pour gouverner l’Algérie », certaines personnes annoncent, tout simplement, qu’elles vont boycotter, « ne voyant pas l’intérêt de voter.»
Abderrahmane, 35 ans, est, d’emblée, sceptique quant à la solution que vont apporter les élections présidentielles. « C’est un problème de système qui va se pérenniser et il a tous les moyens pour le faire », déplore-t-il. Rencontré à la place Audin, Moussa, 60 ans, cadre de la nation, évoque la rupture de confiance entre le peuple et le pouvoir : « Je ne fais pas confiance en ce système, je travaille dans la sécurité et je sais très bien comment ça se passe. Je ne voterai pas. D'ailleurs, Bouteflika ne devrait même pas se présenter », atteste-t-il.
Un éducateur spécialisé à la retraite, âgé de  68 ans, regrette la situation politique actuelle. « Quand j'étais jeune, on m'a dit que l'avenir appartient aux jeunes. Quand mon fils était jeune, on lui a dit que l'avenir appartient aux jeunes. Maintenant il est vieux. Quand j'aurai un petit-fils, je lui dirai de ne croire en personne, de se débrouiller tout seul », dit-il avec émotion.
 
TSA