mardi 17 décembre 2013

ALORS QUE LA CLASSE POLITIQUE REGARDE AILLEURS : La démocratie languit au seuil de la porte

La démocratie languit au seuil de la porte
Jamais de l'histoire de l'Algérie, élection présidentielle n'a été précédée par un silence aussi total.

Les mois passés, les Algériens discutaient de la qualification de leur Equipe nationale et, depuis que cette dernière a gagné son ticket pour le Brésil, ils ne discutent plus que du groupe, des chances de passer au second tout et, depuis quelques jours, du contrat de l'entraîneur national. Des candidats à l'élection présidentielle, du devenir du pays, des générations à venir et des autres thèmes d'importance majeure, aucun débat, aucune discussion. Chacun fait comme bon lui semble. Rien que quatre mois avant la prochaine élection présidentielle et, en plus d'une activité partisane des plus indigentes, la scène nationale enregistre une malheureuse absence de débat politique. Jamais de l'histoire de l'Algérie, élection présidentielle n'a été précédée par un silence aussi total au point où l'on a l'impression d'entendre battre le coeur de notre Algérie.
Est-ce le niveau politique de l'Algérien qui aurait chuté jusqu'à rendre impossible l'échange des points de vues comme cela se faisait jadis, ou est-ce plutôt le dégoût qui fait fuir les gens de tout ce qui touche à la politique? Est-ce pour signifier leur manque d'intérêt à ce qui se prépare que les Algériens ne discutent ni de l'avenir de leur pays ni des hommes qui devraient y aspirer, ou est-ce plutôt pour dire qu'ils ne croient plus en des jours meilleurs? Quelle que soit la réponse, il y a lieu de s'inquiéter sérieusement car, en Algérie, on n'a jamais vu situation pareille! L'opposition, comme si elle s'asseyait paisiblement autour d'un feu de camp, discute pour tuer le temps. Certains réfléchissent encore à l'opportunité de participer ou pas à la présidentielle d'avril, d'autres jettent la responsabilité sur les différents organes de leurs partis respectifs, majliss echoura, congrès, et que sait-on encore, comme si dans ces partis on attend la dernière minute pour savoir si l'on va désigner ou non un candidat pour l'élection d'une telle importance, aussi bien pour le pays, que pour les partis eux-mêmes. Mais d'où nous tire-t-on donc cette manière de procéder avec l'élection présidentielle? On ne va tout de même pas nous dire que le MSP ne savait pas qu'en 2014 il va y avoir un scrutin pour la magistrature suprême en Algérie. On ne va pas nous raconter du côté d'on ne sait plus quel parti encore, qu'ils ont été surpris d'apprendre à la dernière minute que le poste de président de la République sera sujet à élection en avril 2014. Car, franchement, c'est tout ce qui nous manque pour que le comble soit à...son comble! Des partis qui se veulent grands et qui le prétendent à haute voix, mais qui, une demi-heure avant l'élection (c'est le cas de le dire), n'ont pas encore décidé s'ils vont ou pas participer à ce rendez-vous électoral! Pendant ce temps, Saâdani, défiant l'entendement, donne les résultats du scrutin d'avril 2014 sans détour et sans gêne, oubliant par-là que son poste, son âge et le rôle qui est sien devraient l'empêcher de faire une telle bourde. «Bouteflika sera président et Belkhadem son vice-président», avait-il sifflé d'une voix stridente dans les micros qui lui sont tendus depuis qu'il est intronisé à la tête du FLN. On aurait aimé qu'il nous donne aussi le taux de participation, tant qu'il y est et, pourquoi pas, le score de chaque candidat puisqu'il «connaît bien» ces choses comme il l'a soutenu ouvertement!
Sellal qui soutient, poing sur la table, qu'il ne mène aucune campagne électorale, annonce tout haut qu'il est «pour Bouteflika jusqu'au bout», oubliant les réserves que doit marquer l'administration en pareilles circonstances, lui qui a pourtant grandi dans l'administration. Cette déclaration, ajoutée à ce qui est constatable, et c'est tout à fait compréhensible, a provoqué l'ire de certains opposants qui n'ont pas manqué de monter au créneau pour demander un changement du gouvernement avant l'élection. «La nature a horreur du vide», dit le proverbe et lorsque l'opposition, par faiblesse ou pour d'autres raisons, laisse le terrain inoccupé, il est tout à fait normal qu'il soit envahi par le pouvoir. L'opposition est d'abord un comportement mais malheureusement, il nous a toujours été donné de constater que chez nous, il s'agit plus d'ambition que d'autre chose. Aussi, lorsque tel candidat ou tel autre juge que ses ambitions sont assez grandes, il traîne son parti derrière lui pour postuler et que lorsque, pour différentes raisons, il ne croit pas en ses chances, alors il fera attendre son parti, quitte à ce que le pays et la démocratie attendent aussi! Il n'y a pas que le peuple qui attend que bouge enfin l'opposition pour faire connaître sa position. Il n'y a pas que le pays qui attend de connaître ce que vaut son opposition.
Il y a aussi la démocratie qui attend et qui n'en peut plus d'attendre! Debout à nos frontières depuis 1962, la démocratie n'a eu de cesse de nous regarder et d'attendre. Mais, à chaque fois qu'elle avait cru que nous allions lui ouvrir, nous lui avons tourné le dos. Est-ce ce que nous allons faire cette fois aussi? Les chances sont grandes pour que notre comportement se reproduise à l'identique.

L'EXPRESSION