jeudi 12 décembre 2013

ELECTION PRESIDENTIELLE À BOUIRA : Les langues se délient dans les coulisses

Au FLN, la bataille oppose deux clans distincts: les partisans de la candidature de Benflis et ceux pendus aux lèvres du maître de la résidence de Hydra, Amar Saâdani.

La tonitruante sortie médiatique d'un membre de la commission des comités de soutien aux programmes du président, plus simplement désignée par les comités électoraux des trois mandats sur une chaîne de télévision privée, n'a pas laissé indifférents les citoyens. Entre partisans et opposés, ces affirmations montrent, s'il le fallait, ce qui se trame en haut lieu à l'approche de cette élection de 2014. Au niveau local, dans la wilaya de Bouira, les bases partisanes des formations politiques présentes au niveau de la wilaya de Bouira demeurent indifférentes aux guerres de tranchées que se livrent les têtes en prévision de l'élection présidentielle du mois d'avril prochain. Si pour plusieurs partis, l'attentisme est argumenté par le recours à la décision qui revient aux bureaux nationaux, c'est le cas pour le FFS, le RCD, le MSP.... Au FLN, la bataille oppose deux clans distincts: les partisans de la candidature de Benflis et ceux pendus aux lèvres du maître de la résidence de Hydra, Amar Saâdani. Même si à ce jour rien n'est encore clair, l'ex-chef de gouvernement et directeur de campagne de Bouteflika puis candidat malheureux à l'élection contre le même Bouteflika, gagne les faveurs d'une frange du vieux parti. Les défaites même relatives lors des élections locales passées, le FLN a perdu deux grandes communes, Bouira et Aïn Bessem qui de tout temps étaient sa propriété, demeure l'argument avancé par les partisans d'un changement depuis la tête jusqu'au simple adhérent. La direction mise en place à Bouira est composée en majorité d'anciens de ce parti, des personnes qui ont occupé des postes de responsabilité sous le règne de Belkhadem: députés, sénateurs... le revirement est expliqué chez leurs opposants par une rumeur qui fait état d'un «deal» en haut lieu autour de Ali Benflis. La présence de la moitié de ses proches dans la composante de l'actuel bureau politique du FLN aux côtés de Saâdani plaide la cause et laisse penser que l'ex-parti unique basculera en cas d'incapacité de l'actuel premier homme de l'Etat à se représenter. Une source proche du parti crie au scandale en accusant la direction de recourir à des méthodes d'une autre époque au niveau de certaines kasmas. «On étouffe toute contestation et on refuse tout avis contraire», nous déclarera un membre de la kasma de Bouira. L'aile proche de Benflis tente dans la discrétion la plus totale de rallier la base du FLN à sa cause. Du côté du RND, l'heure est à la réorganisation après la guerre qui a opposé le secrétaire de wilaya à plusieurs cadres à l'occasion des dernières élections locales.
La parti tente de se restructurer localement pour retrouver sa place de seconde formation derrière le frère ennemi. Le parti de Amara Benyounès qui a réalisé un score honorable au dernier suffrage, reste, lui, fidèle aux directives du maître qui demeure le premier homme politique à demander un quatrième mandat. Une question mérite d'être posée: «Est-ce que la base adhérera sans conditions à cet état de fait?» Tout le monde sait que les locales privilégient un vote pour des personnes et non le choix d'un programme. Le MSP, de son côté, et malgré son revers en mai dernier continue à favoriser son attentisme surtout que la formation a adhéré au groupe des 14 qui conditionnent leur participation. Au milieu de ce climat de suspicion, d'attente, de revirement... le citoyen vaque à ses tracas quotidiens quand d'autres, et c'est leur spécialité, se positionnent pour tirer un maximum de profits. Cet avis reste proche des déclarations faites à la télévision par le membre du comité de soutien. Même le mouvement associatif n'échappe pas à cette course. Localement, les comités de soutien au programme du président appellent à la candidature du locataire d'El Mouradia. «Bouteflika est notre candidat. Nous le soutenons par conviction. Tout le monde est libre de choisir son camp. Nous on a choisi le nôtre. Quel mal à ça», nous confiera le chargé de communication du comité local de soutien. A la question relative à la possibilité de la non-candidature, notre interlocuteur nous affirmera que chaque chose en son temps.

L'EXPRESSION