lundi 20 janvier 2014

Dans un discours-programme prononcé devant des dizaines de journalistes : Ali Benflis officiellement candidat à l’élection présidentielle

Sérénité, détermination, confiance et humilité sont les maîtres mots du candidat, qui se dit «prêt à conduire les transformations qu’exige une grande nation comme l’Algérie».
Plus qu’une déclaration officielle de candidature à l’élection présidentielle du 17 avril prochain, Ali Benflis a étalé, hier à la salle Tamghout de l’hôtel Hilton d’Alger, une heure et demie durant, son projet pour l’Algérie. D’emblée, l’ancien chef de gouvernement, qui a officialisé son engagement dans la compétition électorale (comme annoncé par sa direction de campagne la semaine dernière) motive son acte de candidature et indique être «animé par le devoir national, ce devoir sacré envers la patrie».
Sérénité, détermination, confiance et humilité sont les maîtres mots du candidat, qui se dit «prêt à conduire les transformations qu’exige une grande nation comme l’Algérie». M. Benflis propose un véritable projet de rupture. La justice d’abord : des mesures nécessaires seront prises «pour libérer le juge de toutes les contraintes, pour faire qu’il n’obéisse qu’à la loi et à sa conscience», martèle-t-il. Pour lui, «la justice est non seulement un droit, elle est aussi un facteur de paix». L’école est une des priorités du candidat, qui préconise «de promouvoir un modèle algérien de l’école comme toutes les grandes nations de ce monde». «Une école avec des racines, mais également des ailes pour donner à nos enfants les outils qui leur permettront d’être en rapport avec le temps réel et s’inscrire dans l’universalité.»
La santé n’est pas en reste ! «Nous devons, améliorer la qualité des soins et des structures sanitaires de base ou hospitalo-universitaires et assurer des formations adaptées aux personnels médical et paramédical», assure l’ancien chef de gouvernement, qui se dit convaincu que le «système de santé ne peut être réformé qu’avec l’engagement de tous les professionnels du secteur».

Réformer l’école et la santé

«Nous devons réduire notre dépendance en matière de médicaments, encourager et aider les Algériens dans la recherche, la production et le partenariat avec l’étranger», souligne Ali Benflis, pour qui «la santé de la population et son bien-être seront inscrits parmi les priorités de mon action».
Au plan économique, le candidat assure «être sensible aux attentes et aux aspirations des jeunes» et affirme être «porteur d’une vision pragmatique». «Mon projet économique, précise-t-il, est ambitieux, il met l’emploi au cœur de ces priorités et place l’entreprise, notamment la petite et moyenne, publique et privée, au centre de la création de la richesse nationale et de la croissance économique.» «L’Etat doit se mettre au service de cet objectif, seul en mesure de garantir la cohésion sociale et de réduire une excessive dépendance économique qui mine notre souveraineté nationale et nous laisse à la merci des fluctuations imprévisibles et incontrôlables des prix des hydrocarbures.» «Nous devons tirer les leçons du passé et nous engager résolument dans une économie de production de biens et de services performante et compétitive dans laquelle le capital et l’initiative privés seront encouragés et soutenus», indique M. Benflis, pour qui «trop de tabous entravent encore notre démarche économique. Il est temps de les battre en brèche et d’adopter la transparence comme règle de conduite». D’un ton déterminé, Ali Benflis dit ce qu’il pense du phénomène de la corruption et les réponses qu’il préconise : «Peut-on raisonnablement avoir une ambition pour son pays et pour son peuple et s’accommoder de la persistance de la corruption et de sa généralisation qui a connu ces dix dernières années des niveaux jamais atteints depuis l’indépendance de l’Algérie ?»

Un pacte national contre la corruption

«La corruption a touché, ces dernières années à l’équilibre même de la société et a atteint un stade préoccupant qui menace les fondements de l’Etat.» M. Benflis s’engage à combattre, de façon permanente et déterminée, les causes profondes du fléau de la corruption par la transparence dans les actions de l’Etat, la répression des corrompus et des corrupteurs ainsi que par l’allégement et la simplification des procédures administratives et bureaucratiques qui sont en grande partie à son origine. Il appelle à «un pacte national contre la corruption autour d’une série de mesures destinées à réduire les ingérences de la sphère politique dans le fonctionnement de la justice, à réactiver ou consolider selon le cas les mécanismes de contrôle de l’Etat car la transparence est fondamentale tant pour le citoyen que pour les entreprises qui cherchent à investir et demandent la sécurité juridique et les garanties de protection légale». «Il faut isoler les corrompus et les combattre», promet le candidat à l’élection présidentielle.
Sur le plan politique, Ali Benflis veut consacrer «le droit à l’information et à la liberté d’expression» qui ne doivent souffrir d’aucune contrainte à caractère politique ou administratif. Ils représentent à ses yeux «un acquis arraché de haute lutte qu’il faut consolider dans le cadre de la loi».

Garantir la liberté de la presse, libérer l’audiovisuel et respecter les libertés individuelles et collectives

L’ancien chef de gouvernement entend aussi émanciper la pratique politique en levant les entraves dont font l’objet les partis politiques et les associations qui doivent, selon lui, être à l’abri des contraintes administratives. «Il n’y a pas d’autre voie, indique-t-il, pour aboutir à une véritable démocratie fondée sur l’alternance au pouvoir.»
S’exprimant sur la question sécuritaire, Ali Benflis pense que «pour avoir payé un lourd tribut humain et matériel pour vaincre un des phénomènes les plus violents de ces vingt-cinq dernières années, le peuple algérien a pris conscience de la réalité du terrorisme international, de ses causes et surtout de ses motivations réelles». Pour lui, «la riposte déterminante de notre armée à l’attaque contre le site de Tiguentourine servira de leçon à ceux qui seraient tentés de mesurer la réalité du consensus national contre le terrorisme». Rappelant la crise politique et sécuritaire qui a ébranlé les fondements de l’Etat, l’ancien chef de gouvernement estime que «le temps est venu de tourner définitivement cette page douloureuse de notre histoire, de panser nos blessures et d’orienter notre démarche vers l’avenir de notre pays». A cet effet, il s’engage dans l’esprit des mesures de traitement de la crise qui ont déjà été mises en œuvre à travers la loi sur la rahma, la concorde civile et la réconciliation nationale.

EL WATAN