lundi 13 janvier 2014

IL PERMET DE COMMENCER LA BATAILLE SANS SE MOUILLER : Internet, l'antichambre de la présidentielle

Alors que sur le terrain, c'est le flou total, la bataille pour le scrutin d'avril prochain bat son plein sur la Toile!
Coups bas, montages, soutiens pour de probables candidats, promotion et annonce pour d'autres,... Internet est l'antichambre du scrutin d'avril prochain! C'est le moyen de commencer la bataille, sans entièrement se mouiller. Le premier à avoir donné le signal de la bataille du Net, est Rachid Nekkaz. L'homme d'affaires franco-algérien a depuis des mois entamé sa campagne via les réseaux sociaux. Il a créé son site «nekkazpresident.com». Et il s'est même payé des publicités sur Facebook. Celles-ci afin de se faire connaître du grand public, mais également de ramasser les signatures nécessaires pour pouvoir déposer sa candidature à cette échéance électorale. «Nekkazpresident» est donc un mot qui tourne en boucle sur les réseaux sociaux. Cet homme politique français a ainsi préparé sa candidature sur l'arène des TIC. Une idée qui n'a pas laissé indifférent un candidat plus sérieux que Nekkaz, à savoir Ali Benflis. Dans la vie réelle, l'ex-Premier ministre n'est pas encore candidat, mais dans le virtuel, il l'est déjà. Des comités de soutien des quatre coins de la planète ont été créés sur les réseaux sociaux. Depuis, trois à quatre mois, ils appellent les Algériens à soutenir cette candidature. Mais le plus surprenant, c'est que ces comités de soutien d'un autre genre annoncent sans ambages que Ali Benflis est candidat à la prochaine présidentielle! Ils parlent même de la date de l'annonce de sa candidature officielle. Bref, ils mènent une véritable campagne présidentielle, mais dans un monde virtuel.
Tout comme Soufiane Djilali. Le président du parti Jil el Djadid a, lui également, lancé sa campagne électorale via les réseaux sociaux. Même chose pour Ahmed Benbitour. L'ex-chef de gouvernement a rejoint cette campagne Web. Comme ses autres compères, des pages Facebook ont été créées à sa gloire pour faire sa pub, mais surtout pour collecter les signatures nécessaires à sa candidature. Néanmoins, ni Rachid Nekkaz, ni Ali Benflis et encore moins Benbitour ne font le poids devant les «loups» de la Toile. Eux ils se font discrets, ils travaillent en sous-terrain et personne ne les soupçonne de maîtriser l' «art» de la guerre électronique. Il s'agit de la mouvance islamiste! Oui, les islamistes sont bien présents sur la Toile. C'est même les mieux préparés pour ce genre de bataille. D'ailleurs, ils avaient montré leur force «électronique» lors des élections législatives de mai 2012. Par exemple, la page Facebook de l'Alliance verte comptait plus de deux millions d'adhérants lors de ces élections. Ils sont donc en force, et contrairement aux autres candidats qui ont opté pour la Toile comme précampagne, ils ne se font pas remarquer. Mais en réalité, ils sont très actifs. Ils disposent de plusieurs sites, groupes, chaînes YouTube... pour faire leur propagande. Le secret de leur réussite est le fait qu'ils ont formé depuis l'éclatement dudit printemps arabe, plus d'un millier de jeunes à la propagande électorale sur le Net. Leur coup d'essai était lors des législatives de 2012. Mais leur véritable but est la présidentielle de cette année. Selon les «geeks» algériens qui suivent de prêt la Toile et ses secrets, cette mouvance a opté pour une contre-propagande. «C'est-à-dire, elle tente de discréditer ses adversaires probables en mettant en ligne des vidéos ou tout autres phrases en leur défaveur», soulignent les mêmes observateurs. Cette remarque nous fait automatiquement penser à la star incontestée de la Toile, Abdelmalek Sellal, dont le nom est le plus évoqué pour succéder au Président Abdelaziz Bouteflika, dans le cas bien sûr où celui-ci ne se présenterait pas à un quatrième mandat. Le Premier ministre est, en effet l'homme le plus visé par certains groupes d'internautes, qui, comme par hasard, jouent sur la religion et tentent de lui coller une étiquette de «mécréant» en déformant ses propos. D'ailleurs, l'attaque la plus virulente qu'il a subie vient de la part du chanteur de rap, Lotfi Double Kanon. Qui depuis quelque temps, s'est découvert un talent de «mufti» et pourvoyeur de leçons de morale. Lotfi a canardé le Premier ministre dans une chanson où il l'accuse de «tromper» l'opinion publique. Mais mis à part cette chanson, ses attaques sont restées dans les règles de l'art. Cela avant qu'un autre parti ne se mêle de la partie... Cette semaine, la campagne électorale virtuelle est entrée dans son aspect politique négatif. Un grotesque montage a été fait de Sellal avec une employée chinoise où on a ajouté le mot «batata» (patate), pour faire croire que le Premier ministre l'avait insultée de la sorte! Grosso modo, voilà donc l'ambiance et l'effervescence électorales qui règnent sur la Toile. A défaut du réel, on se contentera pour l'instant du virtuel...

L'EXPRESSION