lundi 13 janvier 2014

FLN : Rivalités et ambitions présidentielles

On se pose des questions et on se demande à quoi joue Amar Saadani, avoue un membre du comité central sous le couvert de l’anonymat.
Le meeting de samedi n’a servi à rien, puisqu’il a répété le même discours qu’il tient depuis qu’il est à la tête du parti. Déplacer des gens pour les réunir pendant dix minutes est une mascarade. En réalité, Amar Saadani est devenu un problème pour ceux qui l’ont installé.»
Pression. Face à l’absence d’informations sur les intentions réelles du Président, le patron du premier parti d’Algérie veut maintenir la pression et pousse à la surenchère. Mal élu, il sait que son avenir politique dépend du maintien à la tête de l’Etat du président Bouteflika. «Il sait qu’il ne peut compter que sur cette hypothétique possibilité pour rester en place, analyse Abdelhamid Si Affif, ancien membre du bureau politique. Amar Saadani croit qu’il peut pousser le Président à se représenter, il se trompe. Bouteflika connaît bien ce pays et il n’a besoin de personne pour lui dicter sa décision. En agissant ainsi, il ne rend service ni au Président ni au parti.»
Au sein du FLN, certains estiment que la campagne qu’il mène actuellement n’est qu’un écran de fumée pour sa candidature, dans le cas où le Président déciderait de ne pas se représenter. «Personne n’est dupe, juge Aïssi Kassa, ancien membre du bureau politique. Amar Saadani manœuvre pour son propre compte. Il veut se donner l’image d’un réformateur en s’attaquant aux services de sécurité et en appelant à l’instauration d’un Etat civil, comme si l’Algérie était un Etat militaire. Il veut même faire croire qu’il est chargé de jouer les intermédiaires entre Bouteflika et Aït Ahmed, alors que le président d’honneur du FFS n’a même pas donné suite à la lettre qu’il lui a envoyée. Je tiens à rappeler que c’est au comité central de définir le profil du candidat à la présidentielle et que personne ne pourra y échapper.» Ce profil pourrait bien avoir les traits du Premier ministre Abdelmalek Sellal.
Au sein du parti, une majorité de membres du comité central ont décidé de soutenir une personnalité nationale qui ne soit pas partisane afin d’éviter la candidature de Abdelkader Bensaleh, secrétaire général du RND, dans la perspective d’une candidature de consensus. «Nous sommes nombreux au sein du parti à être favorables à la candidature de Abdelmalek Sellal, si le Président décide de ne pas se représenter, admet Abdelhamid Si Affif. C’est une personnalité nationale qui n’est pas partisane et en plus, elle est la plus proche du Président. Le Premier ministre me paraît le meilleur choix pour le parti.»
Deal. Dans cette partie de poker menteur, le secrétaire général du parti a vu samedi réapparaître une vieille connaissance, Abdelaziz Belkhadem. L’ancien secrétaire général du FLN, qui s’était fait discret depuis son éviction du parti, a décidé de répondre à l’invitation qui lui avait été transmise. «Abdelaziz Belkhadem est un homme politique et ceux qui l’ont enterré un peu trop vite se sont trompés, analyse un ancien membre du comité central. Il n’a jamais coupé les liens avec ses relations et avec les responsables des mouhafadas. S’il est venu samedi, c’est qu’il considère que Saadani est affaibli au sein du parti, mais également pour lui rappeler certains engagements qui ont été discutés entre eux.»
Entre les deux hommes, un accord aurait été négocié au moment où Amar Saadani s’apprêtait à devenir le nouveau patron du parti. «Abdelaziz Belkhadem a accepté de ne pas contester la prise du FLN par Amar Saadani et en contrepartie, celui-ci soutiendrait sa candidature à la présidentielle dans le cas où le Président ne se représenterait pas, détaille un ex-membre du bureau politique sous le couvert de l’anonymat. En se montrant à la coupole du 5 Juillet, Belkhadem a voulu rappeler l’engagement qu’ils les lie.» 

EL WATAN