mercredi 6 novembre 2013

À quelques mois de la présidentielle : Ghazi Hidouci met Hamrouche sur la rampe

Ancien ministre de l’Économie et des Finances dans le gouvernement Hamrouche, Ghazi Hidouci, qui vit en France depuis le départ de son équipe de l’Exécutif, analyse, dans un entretien accordé à TSA, la situation politique et économique du pays. M. Hidouci n’est pas allé de main morte pour fustiger cette même politique du régime. Et, à l’occasion de cette sortie, il remet sur la rampe l’ancien Chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche en l’occurrence. Pour lui, il est l’homme de la situation. Sur ce, il presse les décideurs de lui faire appel. Comme solution immédiate à un pays “malade”, il propose, donc, Hamrouche et rappelle, sur l’air des lampions, les grandes lignes du projet “réformateur” défendu par cette équipe entre 1989 et 1990. “Avec Hamrouche, nous avions été de vrais réformateurs, nous avions essayé de faire émerger de nouvelles élites et réellement démocratisées même si ça n’a pas marché très longtemps”, a-t-il dit, avant d’ajouter que depuis 1991, “l’Algérie est sans État, malade, une société de vols, de trafics et de prédation”.
M. Hidouci a regretté le fait que son équipe ait été poussée à la porte, allant jusqu’à rappeler l’assassinat de Boudiaf durant la même période. Ami très proche de Hamrouche, M. Hidouci estime que cet ancien Chef de gouvernement est “la personne à pouvoir être écoutée”. Par qui ? L’ancien ministre de l’Économie va droit au but. Il s’agit, selon lui, des militaires. Il préconise, ainsi, que Hamrouche soit écouté non pas “par les rentiers” mais “par les militaires”. Il précise, à ce sujet, que “les militaires auront peur de l’évolution de la situation”, avant de s’interroger s’ils sont “prêts à faire ce compromis et à le solliciter”.
Il rassure, par contre, que “Hamrouche a une grande capacité de respect des gens”. Ce qui veut dire, en toute vraisemblance, que l’ancien Chef de gouvernement serait prêt à un compromis avec l’Armée, si ces derniers en veulent, bien entendu, d’où la précision de M. Hidouci, lorsqu’il dit que “pour l’instant, il n’a pas été appelé”. Il a, par ailleurs, souligné que Hamrouche opterait, plutôt, pour “un pouvoir civil et non rentier”. M. Hidouci ajoute qu’il “comprend” la position de l’Armée et, avertit-il, qu’“il n’y aura pas de solution tranquille sur le long terme en Algérie”. L’entretien de M. Hidouci ne s’est pas uniquement résumé à défendre la candidature de Hamrouche au nom du sérail. En guise d’argument, il a abordé, ainsi, les causes qui font de l’ancien Chef de gouvernement l’homme de la situation. Après un procès sans appel de la politique économique et sociale du régime, il appelle, sans détour, au départ du système car, pour lui, le problème “est d’abord politique”, ce qui implique “une solution autant politique”, que les décideurs “doivent accepter”. M. Hidouci ne croit pas à la réforme du système de l’intérieur.
Il estime qu’œuvrer “à retaper le système et à le démocratiser” relève “du ridicule”. Pour ce faire, il prône, d’abord, “la suppression de la police politique et militaire”, allusion au DRS, laquelle “dépendrait du juge” et, ensuite, la suppression “de tous les privilèges à l’importation pour lutter contre les mafias”.
 
Liberté