dimanche 4 août 2013


Election présidentielle de 2014 : les candidats du «système», les lièvres et les outsiders

Le président sortant hors course. Anis/New Press
Le président sortant hors course. Anis/New Press
Le Ramadhan tire à sa fin et même si l’été, avec son farniente, justifie une sorte de trêve en tout, la politique reste présente avec l’échéance de l’élection présidentielle d’avril 2014 qui se rapproche. Déjà le tableau auquel les «décideurs» nous ont habitués se dessine : trois lièvres que sont Louisa Hanoune, Amar Ghoul et Amara Benyounès, deux outsiders en Ali Benflis et Ahmed Benbitour et deux grandes inconnues, le FLN et le RND qui maintiendront, c’est leur art, le suspense jusqu’à ce que l’injonction vienne de l’extérieur de leurs rangs pour leur intimer la marche à suivre et le candidat à soutenir. Pour le moment, ces deux partis n’ont aucun candidat présentable : Ouyahia, impopulaire, Belkhadem en disgrâce... Il n'y a pas de nom qui émerge. Signe particulier de cette précampagne : l’option Saïd Bouteflika, elle, apparaît comme une vision fantasmagorique de certains médias, le frère du président n’ayant ni l'envergure ni l'expérience pour affronter une telle compétition. Y aura-t-il un candidat du système ? L'armée a-t-elle un candidat et sera-t-il celui-là ? Les observateurs sérieux écartent cette éventualité qu’ils jugent peu probable, tant on est loin de l'armée «membre» du comité central du FLN parti unique, un cadre dans lequel elle exerçait ses pressions à l’époque et faisait pencher la balance en fonction de ses choix. Toutes ces incertitudes n’empêchent pas la classe politique de s’animer et les feuilletons du FLN et du RND de se poursuivre dans une série de péripéties qui ne donnent aucune indication sur l’épilogue des crises qui secouent depuis de longs mois ces deux partis qui, il ne faut pas l’oublier, constituent l’essentiel de la majorité qui gouverne le pays et dont on attend qu’ils jouent un rôle de premier plan dans la course à la présidentielle. Au FLN, après Abdelaziz Belkhadem, c’est la tête de Abderrahmane Belayat qui est en jeu. Le bureau politique du FLN a isolé Abderahmane Belayat, qu’il avait pourtant désigné il y a quelques mois comme coordinateur de cette instance exécutive. Belayat avait tout du maître du jeu après l’éviction d’Abdelaziz Belkhadem par le comité central le 31 janvier dernier. Mais il a dépassé la ligne rouge en interférant dans les questions qui concernent le groupe parlementaire et a donné le prétexte à ses détracteurs pour l’enlever. Ses adversaires acharnés sont les mêmes que ceux qui sont venus à bout de l’ex-secrétaire général après un «siège» qui a duré de longs mois, c’est-à-dire les membres du gouvernement Amar Tou, Rachid Harraoubia, Abdelaziz Ziari et Tayeb Louh. Le FLN qui entrera dans la bataille électorale des présidentielles d’avril 2014 est en train d’être préparé cet été, et tout indique que Belayat n’en sera pas le maître à bord, en tout cas pas le seul maître. Mais il est encore trop tôt pour savoir qui prendra la tête du FLN et quelle sera l’inclinaison de ce parti dans la course à la présidentielle. Il y a comme un flou artistique entretenu autour des événements qui secouent l’ancien parti unique. Idem au RND, où le calme plat cache une tempête qui risque d’emporter ce parti, «né avec les moustaches», ne l’oublions pas. Ouyahia a-t-il dit son dernier mot en quittant la tête du parti ? Il n’est pas exclu qu’en sous-main il continue à provoquer au moins des frémissements au sein du RND, un parti sans ancrage réel, si on le compare au FLN, et réputé plein d’opportunistes qui, par nature, sont prêts à abandonner le navire sans attendre de vérifier qu’il est bien en perdition. La classe politique nous réserve bien des surprises encore.
Kamel Moulfi