samedi 3 août 2013


Jeudi 1 août à 10:27
Liberte
Tamazight : le faux pas de Benbitour

Animant une conférence-débat, conjointement avec le Dr Amar Belhimer, sous le thème “Crise de la classe politique en Algérie”, à l’espace Plasti du quotidien Algérie-News, à Alger, Ahmed Benbitour, a réitéré sa position vis-à-vis de l’officialisation de tamazight. L’ancien chef du gouvernement a préconisé, ainsi, la voie référendaire pour que tamazight soit une langue officielle. “Pour que tamazight soit une langue officielle, elle doit être soumise à un référendum”, a-t-il indiqué devant une assistance qui s’est vite montrée opposée farouchement à cette idée, qui pourrait, selon un militant des droits de l’Homme, créer un conflit dans le cas où les Algériens refuseraient de voter pour tamazight.
Cette position exprimée auparavant par Ahmed Benbitour, candidat aux prochaines présidentielles, sur le plateau de BRTV, avait fait réagir plusieurs militants qui ont rappelé qu’ “une identité ou un fait linguistique ne peut en aucun cas être soumis à l’appréciation des électeurs”. L’invité d’Algérie-News, qui a été souvent déstabilisé par des questions liées à son passé au gouvernement et sa position vis-à-vis de tamazight, a expliqué que cette langue doit bénéficier d’un appui pour assurer sa promotion. “Vous ne savez pas ce que vous voulez”, s’est emporté le candidat à la présidentielle de 2014, avant d’ajouter que “le caractère officiel d’une langue veut dire qu’elle sera associée à toutes les démarches administratives, juridiques ou institutionnelles de l’État”. “Cette langue ne peut pas être officielle par ordonnance”, a-t-il dit, avant de préciser qu’il est contre ce procédé, car “c’est à cause des ordonnances que j’ai démissionné du gouvernement en 2000”. Lourde et incroyable confusion entre une ordonnance portant sur la gestion des capitaux marchands et une décision politique portant sur la reconnaissance d’un fait historique et culturel avéré, ici la langue tamazight, autant dire sur la sauvegarde d’un patrimoine immatériel commun à tous les Algériens ! Malgré les vaines tentatives d’expliquer sa position, Ahmed Benbitour fut maintes fois malmené par l’assistance.
Autre reproche fait au pari que se propose Benbitour : un militant politique ne peut se passer de parti pour espérer à la magistrature suprême. “Avant la création de tout parti, le pouvoir injecte des virus à l’intérieur pour le maîtriser”, a tenté de se défendre Ahmed Benbitour, mais sans pouvoir convaincre l’assistance, laquelle a pris le candidat au mot. “Vous accusez les partis politiques de tous les maux, mais vous oubliez qu’ils sont le seul moyen à même de mobiliser les électeurs”, a rétorqué un journaliste présent. Se sentant ciblé par des questions pièges, Ahmed Benbitour s’est emporté encore une fois en lançant à l’assistance qu’il faut apprendre à parler avant de poser des questions. Cette réaction du candidat était une réponse à un jeune militant qui lui reprochait sa proximité “avec le système”. “Vous étiez au pouvoir et vous avez dit que tout allait bien dans ce pays. Et maintenant que vous êtes dehors, vous dites des monstruosités de ce même système.” L’invité de l’espace Plasti a longtemps essayé de convaincre l’assistance qu’il était au service de l’État “et non pas au service du pouvoir”, mais sans pour autant y parvenir.
M M
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