samedi 3 août 2013

Par A. N. M. | Il ya 3 heures 3 minutes | 280 lecture(s)

ELLE FAIT COURIR «FANTASQUES» ET ANCIENS DU SYSTÈME

La présidentielle de toutes les convoitises

     
Par Amar Naït Messaoud

Depuis la mort du président Houari Boumediene en décembre 1978, toutes les nominations (par le procédé d’une élection ou par cooptation) à la tête de l’État ont été précédées par une même atmosphère d’incertitude, de tergiversations et de long stand-by, non seulement pour connaître le nom du nouveau président, mais, d’abord, pour avoir sous les yeux la liste du ou des candidats. À neuf mois de l’échéance d’avril 2014, nous en sommes encore à supputer sur les probables et potentiels candidats. La ressemblance s‘arrête là, puisque, en 2014, les enjeux sont autrement plus complexes: un champ politique, supposé pluraliste mais rongé et érodé par les tiraillements; une économie dangereusement mise à mal par la mono-exportation des hydrocarbures et un raidissement de ses possibilités de diversification; la pratique généralisée de la corruption; l’impatience de la jeunesse à une honorable promotion sociale; et un climat régional des plus tendus, où l’Égypte et la Tunisie donnent une autre «couleur’’ au Printemps arabe par la remise en cause de l’accaparement de la révolution par l’intégrisme.  Même si certaines de ces données n’apparaissent pas explicitement sur les tablettes des candidats déjà déclarés à la présidentielle algérienne ou de ceux qui sont supposés animés de la volonté de se présenter, il n’en demeure pas moins qu’elles conditionnent grandement le positionnement des uns et des autres et leur manière d’avancer leur stratégie. Un groupe de partis, islamistes et pro-islamistes, s’est réuni jeudi dernier pour prendre fait et cause pour ce qu’ils ont appelé la «légalité’’ en Égypte. Il y a lieu de signaler que, s’agissant de la politique étrangère de l’Algérie, ce groupe s’est mis en déphasage par rapport aux positions officielles du pays. Tahar Benbaïbèche, patron du parti Al Fadjr Al Djadid, ira jusqu’à présenter les partis ainsi réunis comme un rempart contre l’extrémisme religieux et le terrorisme des groupes d’Al Qaïda, de Boko Haram et des Taliban.  Tandis que se multiplient les initiatives du MSP, avec les formations islamistes et même avec la mouvance laïque, dans le but d’arriver à un ‘’consensus’’ sur les prochaines présidentielles, les commentaires et analyses de la presse ne manquent pas de ratiociner sur l’autre «candidat du consensus», c’est-à-dire celui qui sortirait des milieux des «décideurs’’, dans le cas où la maladie de Bouteflika l’empêcherait de briguer un 4e mandat.

Et comme chaque événement d’une si haute importance tend à charrier un brin de décor excentrique ou insolite, quatre candidats résidant à l’étranger, binationaux, se déclarent déjà partants pour l’aventure d’avril 2014. Ali Bounouari, ancien ministre du Trésor dans le gouvernement Ghozali et résidant actuellement en Suisse, Rachid Nekkaz, homme d’affaires vivant en France (ayant essayé de se présenter aux présidentielles …françaises de 2012), Madjid Mezghenna, candidat ‘’désintéressé’’ qui compte sur son nom (lequel était celui d’Alger) pour voir poindre sa bonne étoile, et, enfin, Kamal Benkoussa, un franco-algérien vivant à Londres qui estime, le plus sérieusement du monde, que, si derrière sa candidature, il y a un «mouvement national’’, il serait prêt à «relever le défi». Décidément, il faut vraiment de tout pour faire un monde! 

  C’est visiblement entre ces deux pôles de ‘’consensus’’ qu’évoluent et activent d’autres potentiels candidats, dont certains n’ont pas fait mystère de leur préparation officielle à cette compétition. Celui qui n’a jamais été sollicité pour donner un avis sur son éventuelle candidature et que, pourtant, l’opinion publique ne manque de voir en lui un possible successeur de Abdelaziz Bouteflika, c’est bien le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Peut-il avoir un destin national, lui qui semble se livrer d’abord à un travail ‘’technique’’, visitant les wilayas sans chercher un susciter des bains de foule? Mais, à ce niveau de responsabilité, même sans avoir d’assise partisane comme c’est le cas de Sellal, aucun geste n’est fortuit; du moins, c’est là le décryptage qui est fait de cette manière de gérer les affaires publiques dans un moment de tension sociale extrême et…en l’absence du président de la République, déclaré en convalescence. Ces gestes, faits de lancement de grands chantiers d’infrastructures et de logements, de distribution d’enveloppes financières, à titre de programmes complémentaires pour les wilayas, sont, aux yeux de certains analystes, loin d’être anodins ou sans calculs politiques.  Néanmoins, au vu de la ‘’masse’’ d’autres candidats potentiels ou déclarés, cette vision est vite relativisée pour rejoindre les justifications qui ont motivé l’acte du président Bouteflika de porter Sellal au poste de Premier ministre le 3 septembre 2012; un événement qui a succédé à l’éclatement spectaculaire de l’Alliance présidentielle.  Dans cette «masse’’ de potentiels ‘’présidentiables’’, on avait longtemps supputé sur l’éventuel retour aux affaires de l’ancien président Liamine Zeroual. Certaines organisations de ce qui est appelé la ‘’famille révolutionnaire’’ sont même allés le ‘’harceler’’ dans sa douce retraite à Bouizourane (Batna). En dehors de l’accueil chaleureux qu’il a réservé à la délégation et la gratitude qu’il a exprimée à son initiative, Zeroual ne s’est pas engagé sur la piste des présidentielles. Il a fait mieux: il fera savoir aux présents que l’Algérie regorge d’hommes, plus jeunes, qui sont capables de mener le pays à bon port. Un nouveau geste plein de panache de la part d’un général qui a pris les commandes du pays dans les moments les plus douloureux de son histoire contemporaine.

Improbable scrutin anticipé

À neuf mois de l’échéance normale, il est malaisé- sauf cas de force majeure, à savoir le décès du président- d’imaginer des élections anticipées. C’est ce qu’a défendu Belkacem Sahli, secrétaire général de l’ANR, la semaine passée à Constantine. Sans espérer pouvoir présenter un candidat, cette formation politique met en relief le fait que les élections d’avril 2014 coïncideront avec le 60e anniversaire du déclenchement de la révolution de novembre 54. Colporté depuis plusieurs mois, le nom de Ali Benflis, comme candidat à la présidentiel, n’est pas entouré de la ‘’sécurité’’ nécessaire, d’autant plus que le «traumatisme» de la présidentielle de 2004, où il obtint 6,42 % des suffrages, est toujours présent dans les esprits de son parti, le FLN. N’empêche que des groupes dans le parti travaillent actuellement à le propulser à la candidature à ma magistrature suprême. Il en serait de même pour Ahmed Ouyahia, ex-Premier ministre et ancien patron du RND, qui, en plus, bénéficierait d’une certaine ‘’proximité’’ avec les décideurs. C’est, en tout cas, l’idée que l’on peut se faire de lui après cette ‘’information’’ faisant état de sa rencontre, à la mi-juillet, avec le général général-major Mohamed Mediene, dit Toufik. Des indiscrétions vont jusqu’à lui «attribuer’’ le poste de vice-président de la République lors d’un remaniement ministériel que l’on dit ‘’proche’’. Bien qu‘enfant du sytème, Ouyahia se veut ‘’atypique’’ (l’adjectif est de lui). Sa marge de manœuvre à la tête du gouvernement a été réduite, comme il a eu à le déclarer publiquement en 2011, par «la mafia de l’informel et de l’import-import». Si un consensus se fait autour des réformes économiques pour faire converger les intérêts du pays et ceux des spéculateurs, les chances de Ouyahia ne seraient pas complètement compromises.  Parmi les candidats déclarés, on retient le nom d’Ahmed Benbitour, ancien Premier ministre et ancien ministre des Finances. Il n’a pas de structure partisane. Il pense que les partis sont affectés par le ‘’virus’’ du pouvoir qui les dévie de leur mission. En dehors de ces propositions sur les réformes de l’économie, de l’administration et de l’école, il a été ‘’malmené’’ par les médias pour sa façon d’envisager l’officialisation de tamazight, à savoir par référendum. Car, l’autre voie, à savoir l’ordonnance, il ne veut pas en entendre parler, sachant qu’il a démissionné de son poste de Premier ministre, en août 2000, pour ce qu’il appelle l’ ‘’abus’’ d’ordonnances imposées à l’APN.  Et comme chaque événement d’une si haute importance tend à charrier un brin de décor excentrique ou insolite, quatre candidats résidant à l’étranger, binationaux, se déclarent déjà partants pour l’aventure d’avril 2014. Ali Bounouari, ancien ministre du Trésor dans le gouvernement Ghozali et résidant actuellement en Suisse, Rachid Nekkaz, homme d’affaires vivant en France (ayant essayé de se présenter aux présidentielles…françaises de 2012), Madjid Mezghenna, candidat ‘’désintéressé’’ qui compte sur son nom (lequel était celui d’Alger) pour voir poindre sa bonne étoile, et, enfin, Kamal Benkoussa, un franco-algérien vivant à Londres qui estime, le plus sérieusement du monde, que, si derrière sa candidature, il y a un «mouvement national’’, il serait prêt à «relever le défi». Il faut de tout pour faire un monde! Entre ceux qui sont supposés être des ‘’poids lourds’’, ceux qui auraient des atomes crochus avec les centres de décision, ceux tentent leur chances sur la base d’un nom qu’ils se sont fait dans l’appareil de l’État, et ceux qui voudraient, à leur corps défendant, mettre un brin d’humour dans l’atmosphère de la présidentielle d’avril 2014, toutes les options sont apparemment ouvertes.

La Dépêche de Kabylie
A. N. M.