jeudi 27 mars 2014

Abdelmalek Sellal anime un meeting à Tlemcen dans une salle à moitié vide : “Bouteflika veut parachever sa mission à la tête de l’État”


Le directeur de campagne du Président-candidat à la présidentielle du 17 avril prochain, Abdelmalek Sellal, n’a pas fait carton plein à Tlemcen, sa quatrième halte dans son périple à travers les wilayas du pays. Loin s’en faut.
Son meeting à la salle omnisports de la ville n’a guère mobilisé les foules des jours de grandeur de Abdelaziz Bouteflika. Les organisateurs locaux de la manifestation, recrutés parmi les cadres et militants de trois partis politiques (TAJ, FLN et RND) et des organisations de masse dont l’UGTA, les Scouts algériens et l’Association nationale du développement rural, avaient, par ailleurs, du mal à chauffer une assistance, certes acquise au 4e mandat, mais pas très nombreuse.
Vers 11h, l’ex-Premier ministre, encadré par un important dispositif de sécurité, rejoint la tribune, en levant la main pour saluer les gens. Il apparaît, l’espace de quelques instants, dans le profil d’un candidat à la présidentielle. Une impression furtive qui empreint ses propos d’incongruité dès qu’il a annoncé qu’il est venu défendre la candidature “du moudjahid Bouteflika”.
Le véritable postulant à la magistrature suprême n’était présent, sur les lieux, qu’à travers les posters géants qui tapissaient les murs de la salle omnisports. Un détail, visiblement, pour le tribun qui se lance dans son discours sans complexe par rapport à la singularité de la situation. “Quand il (Abdelaziz Bouteflika, ndlr) a pris en main les commandes du pays à la fin des années 1990, l’Algérie était à genoux, exsangue par le terrorisme, et ses caisses vides”, a-t-il affirmé avant de faire l’apologie de la réconciliation nationale qui est, de son avis, “une politique judicieuse qui a permis la restauration de la paix et la réhabilitation de la dignité de l’Algérien au niveau international”.
Après avoir décliné sommairement le bilan, présenté évidSemment sous des auspices positives des trois précédents mandats, Abdelmalek Sellal verse dans la contradiction en soutenant que le candidat qu’il représente s’assurera, une fois élu, que les institutions de l’État remplissent effectivement les missions qui leur sont conférées, que la bureaucratie soit éradiquée et que la hogra soit bannie. “Nous sommes bouffés par les bureaucrates et les opportunistes. Il faut que cela cesse”, martèle-t-il. “Personne ne s’imposera plus. Il revient au peuple de dicter son choix”, continue-t-il dans la dynamique de la délation, se souciant peu des paradoxes qui émaillent son discours. Comment peut-il mettre en avant les réalisations et les avancées du pays durant les quinze dernières années, et dans le même temps, parler de la persistance des injustices, de la bureaucratie, de la faillite des institutions… ? Le directeur de campagne du Président-candidat n’apporte, en la matière, aucune réponse.
Bien plus, il s’illustre magistralement dans l’art de la confusion et des contradictions. “L’Algérie doit être dirigée, aujourd’hui, par la génération post-Indépendance. C’est là le projet d’Abdelaziz Bouteflika.” En une fraction de seconde, l’on s’attendait à ce qu’il enchaîne sur l’annonce du retrait du chef de l’État de la course électorale. Déduction trop hâtive.
L’ex-Premier ministre reprend son idée en lui apportant une précision précieuse, qui ne laisse pas de place aux interprétations tendancieuses. “Abdelaziz Bouteflika veut parachever sa mission à la tête de l’État pour donner la gestion des affaires de l’État à la génération post-Indépendance.” Le mot est dit. L’homme ne cèdera pas les rênes du pouvoir avant au moins cinq ans, sauf si la puissance divine en décide autrement. Ainsi, Abdelmalek Sellal termine son meeting, qui n’aura duré que quinze minutes. Il quittera les lieux comme il est arrivé, entouré de sa garde rapprochée, sans se mêler aux citoyens qui sont venus l’entendre par une matinée pluvieuse et froide.

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