mardi 11 mars 2014

Jamais scrutin n’a été aussi improbable


Au fur et à mesure que l’on s’approche de la date du 23 mars, qui marque le début de la campagne électorale pour la présidentielle, rien n’est moins indécis à Annaba.Le sujet de l’élection est à peine évoqué par le simple citoyen, ou si rarement, qu’on en est à se demander si celui-ci lui accorde réellement de l’importance. Les habitués du cours de la Révolution, qui est le lieu de rencontre “supposé” de la société bien pensante de la ville, sont éloquents, pour leur part, à propos de tout ce qui se dit sur les problèmes de santé du Président sortant et sur sa participation au scrutin du 17 avril, malgré cela.
Sur les terrasses des glaciers, les discussions à ce propos s’animent, notamment à l’évocation du battage médiatique en Algérie et à l’étranger, qui a suivi la confirmation, il y a quelques jours seulement, de la candidature de Abdelaziz Bouteflika à un 4e mandat. Si pour certains le traitement de cette actualité purement algérienne par la chaîne Canal + et par Le Canard enchaîné, tout particulièrement, est qualifié d’excessif, voire d’outrageant, il en est, et ils sont nombreux, qui estiment que ces boutades sont justifiées et qu’elles ne sortent pas du cadre du journalisme, tel qu’il est pratiqué sous d’autres cieux. “Nous l’avons bien mérité puisque nous ne faisons rien comme tout le monde. Un président de la République doit être en parfait état de santé, si l’on souhaite qu’il s’acquitte convenablement de sa mission”, argue ce responsable de la Chambre de commerce régionale. “Allah yestar, cette fois ! Les choses risquent de mal tourner si la situation demeure telle quelle, le pouvoir doit prendre au sérieux les citoyens de ce pays, et ce n’est pas ce qu’il fait en voulant, coûte que coûte, faire passer son candidat”, renchérit un voisin de table. Et d’espérer que l’énervement qui est perceptible chez les jeunes, et en particulier les étudiants, qui commencent à s’organiser par le biais de la Toile pour faire valoir leur point de vue sur cette question importante, ne dégénère. Faisant allusion aux manifestations contre un 4e mandat de Bouteflika, qui ont eu lieu à Béjaïa ou encore à Constantine et à celles organisées tout récemment à Alger, il dira craindre que l’action initiée par le mouvement Barakat ne fasse tache d’huile. Quant à savoir pour quel candidat ils seraient tentés de voter, les moins jeunes sont nombreux à répondre par une moue dubitative. “Aucun ténor, à part Ali Benflis ou Hamrouche, qui restent discutables, ne s'est encore déclaré. C’est ce qui ajoute à l’incertitude de l’élection du 17 avril”, regrette ce professeur d’anglais du campus de Sidi-Achour.  “On entend des choses mais officiellement, rien. Je suppose qu'ils attendent le dernier moment, ils ont jusqu'au 4 mars”, ajoute-t-il. On pourrait imaginer que des membres du bureau local de la mouhafadha FLN, très présents d’habitude, en pareille circonstance, soient tentés de s’exprimer à propos de cette échéance, mais non, du moins là, en ce moment, disent-ils. Ceci en reconnaissant que cette situation est aussi inédite et hasardeuse que celle qui a prévalu en Algérie au lendemain de la mort de Houari Boumediene. Jusqu’aux inconditionnels de la “ouhda rabiaâ”, qu’il y a quelques semaines, clamaient haut et fort leur attachement au Président “pour toutes ses réalisations et surtout pour la paix, qu’il a restaurée”, doutent aujourd’hui de ses capacités à jouer encore les premiers rôles.

Liberté