mardi 11 mars 2014

Ville des hammadites : Les Béjaouis peu emballés

À quelques semaines de la prochaine élection présidentielle, l’emballement ne semble pas gagner les citoyens à Béjaïa. L’ambiance, qui caractérisait la wilaya à chaque échéance électorale par le passé, n’est pas au rendez-vous cette fois-ci. Hormis l’opération de révision du fichier électoral — et qui entre dans le cadre des préparatifs de cette élection —, rien ne laisse deviner qu’un rendez-vous politique d’une aussi grande importance se profile à l’horizon. Pour beaucoup, les jeux sont faits.  La candidature du Président sortant, Abdelaziz Bouteflika, en dépit d’un lourd handicap, a fermé, selon les citoyens interviewés, cette élection de laquelle il sortira, sans aucun doute, vainqueur. Bien qu’Ali Benflis soit aussi populaire auprès de larges segments de la société, ils sont nombreux à ne pas croire en ses chances. Beaucoup sont échaudés par l’épisode de 2004. Le comité de campagne de l’ancien chef de gouvernement sous Bouteflika était convaincu aussi, il y a 10 années, du triomphe de leur poulain avant de recevoir une douche froide avec à peine 6% de voix. Pourtant, parmi eux, il y a des volontés qui veulent encore croire que cette fois-ci, la victoire n’est pas tout à fait exclue. C’est la candidature de Bouteflika qu’on juge comme un non-sens. Ils sont convaincus comme Lhaouari Addi que c’est Bouteflika qui fera cette fois-ci le lièvre de… Benflis.  L’absence, en outre, sur la ligne de départ d’un Saïd Sadi, que d’aucuns trouvent qu’il a beaucoup mûri depuis sa retraite anticipée, n’est pas faite pour susciter de l’enthousiasme dans cette élection.  Ils sont nombreux à partager son analyse de la situation et de se montrer donc aussi indifférents que lui à cette joute électorale où il n’y aura qu’un seul acteur qui doit affronter son double, comprendre son bilan avec un passif aussi lourd et qu’il faudra des générations avant d’espérer arriver à l’équilibre. Sur le plan social, les Béjaouis souffrent, à l’instar de leurs concitoyens, des autres wilayas, d’où les mouvements sociaux récurrents et qui se traduisent pas la fermeture de routes quasi quotidienne. Les problèmes ne manquent pas. Forcément, une présidentielle ne peut constituer une priorité d’autant que les citoyens sont échaudés par les élections passées qui n’ont pas apporté le changement souhaité. Ils sont préoccupés par les soucis quotidiens, raison pour laquelle ils ont relégué la chose politique au second plan. Yazid, propriétaire d’une agence immobilière, dit ne rien attendre de cette échéance. Selon lui, “le pouvoir a déjà décrédibilisé cette élection et la profusion de candidats à la candidature et leur niveau d’instruction en est le signe manifeste”. Pour lui, “le boycott est de fait à Béjaïa, d’autant plus qu’aucun candidat issu des partis bien implantés dans la région n’est en lice”. Même son de cloche chez Nora, enseignante dans un lycée : “L’élection présidentielle est le dernier de mes soucis. Puisque Bouteflika est candidat, le système sera reconduit et le changement n’est pas pour demain.”

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