dimanche 23 mars 2014

Campagne électorale : Des programmes pour convaincre l’électorat


La campagne électorale pour l'élection présidentielle débute aujourd’hui, pour les six candidats retenus par le Conseil constitutionnel. Les six candidats en lice, signe des temps, ont installé leur staff de campagne et communiqué aux citoyens électeurs leurs programmes respectifs, notamment sur leur site internet et à travers les réseaux sociaux.
Ils vont aussi vulgariser leurs programmes électoraux à travers les médias audiovisuels.   Pour permettre aux lecteurs, une meilleure compréhension et une bonne perception des idées force, des axes programmatiques qui seront défendus par les six postulants, nous tenterons de donner un aperçu, forcément non exhaustif, de leur programme de campagne.                                                                                            
     
Abdelaziz Bouteflika :
Un nouveau pacte pour ancrer  le développement
Le candidat Abdelaziz Bouteflika propose, dans son programme, un nouveau pacte pour ancrer le développement et le progrès. Il se fixe pour objectifs majeurs de conforter la stabilité,  d'enraciner une démocratie apaisée, de valoriser le capital humain, de bâtir une économie émergente,  de renforcer les liens de solidarité sociale. Le programme que soumet le candidat Bouteflika pour le prochain quinquennat prévoit des changements rendus nécessaires  dans les domaines politique, économique et social, un renouvellement de la démarche pour poursuivre l’œuvre de modernisation des institutions, de la société et de l'économie. La mise en œuvre de ce programme matérialisera la vision d’une Algérie forte, prospère et fraternelle. L’accent sera particulièrement mis sur la promotion de l’identité nationale dans ses trois composantes (arabité, amazighité, islam), le rejet de toute forme d’exploitation politicienne de l’une ou l’autre des  composantes de l’identité nationale, la promotion des préceptes de l’islam authentique, la prévention et la lutte contre toutes les formes d’extrémisme. 
Il en est de même pour le renforcement de l’indépendance de la justice, la lutte implacable contre la corruption, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, l’encouragement de la société civile à s’organiser en tant que vecteur de prise de conscience, force de proposition et vivier des élites politiques de demain.    
 Le programme énonce que la  dynamique engagée, ces dernières années, a permis des avancées sur le double plan de la pratique démocratique et de l’exercice des droits et libertés.
Le programme projette aussi de renforcer les institutions de gouvernance afin de consolider l’État de droit et d’améliorer la transparence, la participation et la responsabilité dans la gestion des affaires publiques nationales et locales.
 Dans ce cadre, l’effort portera sur le parachèvement de la réforme de la justice,  et sa dotation de moyens additionnels pour renforcer son indépendance et sa crédibilité dans l’application de la loi pour la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, et la sécurité des personnes, des biens et des activités économiques,  moderniser l’Administration, changer les comportements et garantir un service public performant.       
Au plan économique, le programme du candidat Bouteflika vise à bâtir une économie émergente totalement indépendante des hydrocarbures, à travers la valorisation des ressources humaines, de la connaissance et de la technologie. Le programme accorde également une importance particulière à la promotion de la jeunesse, de la femme, de la culture et du sport, ainsi qu'à la revitalisation des espaces ruraux dans le cadre d'une approche plurisectorielle.        
Au plan international, le renforcement de la coopération avec les pays du Sahel sera un des axes prioritaires de la politique extérieure de l’Algérie en vue de  mieux contribuer à la sécurité et à la stabilité dans cette région.  L’Algérie poursuivra son appui au peuple du Sahara occidental, tout comme elle continuera à témoigner son soutien actif au peuple palestinien, restera attachée à la relance du processus de construction maghrébine et impulsera le dialogue politique avec tous les pays arabes, pour contribuer à revitaliser l’action commune. L’Algérie continuera à œuvrer pour faire avancer l’agenda de l’Afrique en matière de paix et de sécurité, d’intégration régionale et continentale, de développement de liens de partenariat qualitatif avec ses partenaires traditionnels, ainsi qu’avec l’Asie, l’Amérique du Sud et les pays émergents. Avec l’Union européenne, la coopération sera intensifiée, y compris à travers des interactions dans le cadre de la politique européenne de voisinage rénovée, pour aboutir, à l’horizon 2020, à la mise en œuvre de la zone de  libre-échange Europe-Algérie dans des conditions d’équilibre des avantages. 

Ali Benflis :
Consolider l'indépendance de la justice
La réforme des institutions de l'État, qui passe par une justice crédible et indépendante, et un renforcement du pluralisme politique, constitue l'axe principal autour duquel s'articule le programme électoral du candidat Ali Benflis. Ce dernier  propose, dans son projet de renouveau national, de réformer l'État et ses institutions, le modèle de développement économique, ainsi que le modèle de développement humain et social, envisageant la consolidation de l'indépendance de la justice par la révision des modes d'accès à la fonction de magistrat, le renforcement des droits de la défense et de la protection du magistrat et sa responsabilisation. Ali  Benflis promet également la révision du dispositif juridique relatif au Conseil supérieur de la magistrature, ainsi que les statuts des différentes fonctions et professions judiciaires et parajudiciaires, de procéder à un nouveau découpage de la carte judiciaire et créer des juridictions de proximité et de  juridictions spécialisées de manière à rapprocher le justiciable de la justice.           Dans le volet politique, il préconise de restaurer la norme constitutionnelle de la limitation à deux quinquennats du mandat présidentiel, d’engager un dialogue politique national pour approfondir et consolider la démocratie,  mettre en place un Pacte national contre la corruption et la révision de loi  électorale. Pour ce qui est de la politique extérieure, il ambitionne de réviser la carte du déploiement diplomatique et consulaire en fonction des intérêts  de l'Algérie, ainsi que de la présence d'une communauté nationale dans le pays hôte, d'impulser la diplomatie économique et culturelle afin d'accompagner le développement économique et social. Pour une meilleure prise en charge de la communauté algérienne à l'étranger, il est envisagé, la modernisation et la réorganisation des représentations consulaires. Dans le domaine économique, il propose une Stratégie Nationale de Développement  qui se donne l'ambition d'engager un processus de renouveau économique et d'inscrire  l'économie nationale dans une perspective durable de développement et de sortie  de la rente.    
            
Louisa Hanoune :
Pour l’émergence d’une deuxième République
La candidate du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, axera sa campagne sur la thématique de l'édification de la deuxième République, d'aller vers une démocratie qui s'articule autour des droits et  des libertés individuelles et collectives, et une indépendance de la justice.
Le programme  prévoit des  réformes, dont une refonte de la Constitution, des lois égalitaires.
L'aspect économique du programme met en  avant, les propositions et positions défendues jusque-là par la première responsable du PT, notamment la constitutionnalisation de la règle 51/49 se référant à la préférence nationale, la suspension ou l'abrogation d'accords conclus par l'Algérie avec des parties tierces, de spécifier l'annulation des accords conclus avec l'Union européenne,  l'OMC et la Zone arabe de libre- échange.          
Les droits au logement, à l'emploi, à la formation, à la santé ne seront  pas en reste,  de même que la question du développement économique lequel est appelé à devenir harmonieux et équitable   pour toutes les régions du pays.
On note que dans le  programme du PT, la question de la séparation entre le religieux et le politique, l'officialisation de l’amazigh comme langue nationale avec l'obligation de l'enseigner dans l'ensemble du  territoire national, l'abrogation de la peine capitale.

Moussa Touati  :
Une « Charte nationale »  de développement   
Le Front national algérien  aspire à mettre en place, une «Charte nationale» qui constituerait une référence pour toute politique institutionnelle et de développement du pays.
Dans son programme, le FNA a appelé à associer tous les Algériens sans exclusion dans l'élaboration de cette Charte, considérant qu'elle consacrera la souveraineté du peuple et permettra aux citoyens d'exprimer librement leurs  choix. À travers cette Charte nationale, le parti ambitionne aussi de consacrer le principe de l'alternance au pouvoir et un régime de type parlementaire.
 Moussa Touati, candidat, aspire à édifier une économie sociale qui contribuera à réduire les inégalités entre les différentes couches de la société. Il aspire aussi à édifier un État dont les fondements s'appuient sur la justice sociale, le respect du multipartisme politique et de la volonté populaire, tout en rajeunissant l'État algérien. Le FNA insiste sur la mise en place d'une économie sociale garantissant le droit à l'initiative et l'encouragement de l'investissement productif, notamment dans le secteur de l'agriculture, afin d'assurer la sécurité et l'autosuffisance alimentaires.           

Ali Fawzi Rebaïne :
Développement, transparence  et égalité  
Ali Fawzi Rebaïne, président du parti AHD 54, axera sa campagne sur  le développement, la transparence dans la gestion et l'égalité.
Il  tentera de convaincre les Algériens, au plan économique, de l'importance des réformes qui consacrent les règles de transparence, de crédibilité et de fluidité dans les rapports entre les différents acteurs économiques.
 Il plaide pour un régime présidentiel d'un mandat de 5 ans sans limitation, propose la mise en place d’un Observatoire de Stratégie économique et de prospective.   Il propose également la réhabilitation de la Banque d'Algérie dans ses missions en lui accordant plus d'autonomie et de prérogatives, et la création d’institutions financières crédibles.
  M. Rebaïne prône  un découpage administratif élargissant le nombre de wilayas et de communes, ainsi qu'une décentralisation des pouvoirs économiques et sociaux, et une réhabilitation des pouvoirs exécutifs des Assemblées  élues.       
     
Abdelaziz Belaïd :
Réforme radicale des systèmes politique et socio-économique   
Le programme électoral du candidat du Front El-Moustakbal,  Abdelaziz Belaïd, se base sur une réforme radicale des systèmes politique, économique et social du pays.
l s'agit d'engager un débat général sur le projet de la Constitution avec la participation de toutes les catégories sociales, et puis le soumettre au référendum populaire. S'agissant du secteur de la Justice, le candidat du FM considère que la véritable justice est un préalable à toute bonne gouvernance et doit être accessible à tous les justiciables.
Concernant les secteurs de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, le FM promet de restructurer ces trois secteurs afin qu'ils soient souples, diversifiés et liés au monde du travail.       
Sur la place de la femme en Algérie, Abdelaziz Belaïd s'engage  à assurer sa protection contre toute forme d'injustice, d'abus et de violence.  
Synthèse de M. Bouraib
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C’EST PARTI !
Durant trois semaines, les six candidats officiels à la présidentielle du 17 avril, entament une course de fond dans une campagne qui promet d’être singulièrement animée. A l’évidence quand on observe la scène politico-médiatique de cette dernière semaine, on se rend très vite compte qu’elle a été riche en événements et en interventions des personnalités politiques, notamment sur les plateaux des nouvelles chaînes satellitaires où la concurrence s’annonce assez rude. Toutefois ce n’est pas parce qu’on crie fort qu’on a forcément raison et ce n’est certainement pas en dénigrant qu’on fait avancer les choses. Une chose est sûre désormais c’est que tout est fin prêt pour que le processus se déroule dans les meilleures conditions possibles et que tout porte à croire que le débat quitte les sentiers tortueux des questions marginales pour se concentrer sur les fondamentaux, à savoir les programmes politiques des candidats et la manière dont chacun compte améliorer la condition de vie des citoyennes et des citoyens.
Aujourd’hui il existe bel et bien une liberté d’opinion et d’expression dans notre pays et ne pas le reconnaître constitue un déni envers l’Etat et la société. Tout comme il existe une ligne politique forte qui veut que la justice sociale et la réduction des inégalités soient au cœur des préoccupations des autorités publiques. Il reste l’édification d’une structure économique durable dont le socle ne soit plus les hydrocarbures uniquement afin qu’il y ait la création du nombre d’emplois nécessaires pour répondre aux besoins et aspirations d’une nouvelle génération montante. Telle est le défi auquel sont confrontés le pays et son élite.
 Aujourd’hui, il s’agit de consolider les avancées dans tous les domaines et elles sont nombreuses à moins d’être aveugle, de mauvaise foi ou nihiliste et d’engager une réflexion sur ce modèle basé sur la diversification économique, engagerait le pays sur la voie d’une modernité librement assumée.
 La campagne électorale qui débute aujourd’hui constitue assurément l’occasion idéale pour une telle réflexion et un tel débat, « dans le cadre d’une compétition loyale et sereine, et de la confrontation de projets de société censés répondre aux attentes légitimes des citoyens, de façon à ce que le vainqueur soit celui que le peuple algérien souverain se choisira comme président ».
El MOUDJAHID